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ahhh, hier, c’était l’fun et même plus 🥺.
c’est la quatrième fois que je lis mes poèmes, mais seulement la troisième fois devant une belle foule. la première fois, j’avais 22 ans et la foule n’était pas si belle que ça. c’était comme si je devais prouver mon talent devant des membres d’un jury. plus tard, durant la soirée, je me suis rendue compte que les gens n’étaient pas là pour la poésie elle-même, mais plutôt pour son côté théâtral. moi, je voulais juste lire avec toute franchise, pas jouer un rôle. tout ce qui était beau dans tout ça, c’étaient les guirlandes illuminées du Boulevard Saint-Laurent. j’en ai pris une photo que j’ai toujours gardée dans un fichier perdu sur mon disque dur externe.

puis, la deuxième fois, c’était près de Concordia. j’ai lu des poèmes assez lourds, alors je crois avoir fait éclater la bulle de plusieurs. la foule était plus petite, mais plus sympathique et là, je sentais que je pouvais me trouver une petite place parmi des poètes hyper talentueux. j’avais un peu plus d’espoir.
la troisième fois, je n’étais plus à Montréal. je travaillais à Ottawa. j’ai fait la connaissance d’une collègue très intéressante. de l’extérieur, elle paraissait être une simple consultante, mais derrière ce masque, elle cachait une personnalité éclectique. elle me parlait de son parcours professionnel, de son amour pour l’art et l’écriture, de ses voyages… puis, elle m’a invitée à une de ses soirées artistiques. elle avait pour tradition d’organiser un événement chaque année durant le temps des fêtes. elle encourageait des artistes et invitait des amis. elle m’a demandé de lire des poèmes et d’inviter, à mon tour, quelques amis. à ce moment-là, mes seuls amis à Ottawa étaient d’autres collègues — une petite famille qui n’a existé que pendant une courte période, mais qui m’a aidée à surmonter les saisons moroses de la capitale. ma complice au travail m’a fait pratiquer, m’a expliqué comment prononcer certains noms comme « Degas », et m’a accompagnée. on s’est bien amusées. j’ai lu trois poèmes, si je me souviens bien. il y en a un où tout le monde a ri quand j’ai lu : « you’ll never be mine, i’ll never be yours, but let’s keep sipping that $8 coffee », et ça m’a fait du bien. c’est pas grave si je suis pas la plus talentueuse — au moins, je suis drôle.

la troisième fois était la dernière performance de mes vingtaines. c’était juste avant la covid. après celle-là, je suis retournée à montréal et je me suis beaucoup questionnée sur mon but dans la vie. j’ai tellement réfléchi que je me suis perdue dans mes pensées et que j’ai comme abandonné tout ce que j’aimais faire.
et maintenant, la quatrième fois, mais la première de mes trentaines. j’ai eu 30 ans l’an dernier. ça faisait un bon bout de temps que je n’avais pas écrit. il m’est arrivé d’avoir quelques bonnes idées ici et là au cours des dernières années, mais pas assez pour écrire un livre. un jour, au début de cet été, Émilie, une amie du secondaire, m’a contactée au sujet d’un vernissage qu’elle organisait et m’a demandé si je voulais lire quelques-uns de mes poèmes sur le thème des facettes cachées. j’ai dit oui, pour voir si j’aimais encore ça, pour voir si ça me manquait — mais aussi parce que c’était Émilie qui me l’avait demandé.
hier, c’était le jour où j’ai lu deux poèmes jamais publiés, ainsi que d’autres provenant d’anciens recueils. c’était pas prévu, mais j’ai commencé avec les poèmes les plus récents (les plus matures), et j’ai terminé avec une chanson que j’avais écrite à 18 ans (heureusement que je n’avais pas à la chanter). je n’avais aucune attente par rapport à la foule — aucune attente, point. c’est peut-être ça, la trentaine aussi : tu te sens mieux dans ta peau, t’as mis de côté les insécurités de la vingtaine, et t’as juste envie d’être toi-même. n’empêche, plus l’heure avançait, plus j’étais un peu stressée, lol.
puis, l’heure est venue et je devais lire sur la terrasse. elle était tellement belle avec ses guirlandes de lumière — comme sur le Boulevard Saint-Laurent. history repeats itself.

j’ai lu mes poèmes. j’ai lu mes préférés ; je croyais qu’on ne les aimerait pas, parce que certains ne les avaient pas aimés auparavant.
j’ai fait rire le monde. j’étais maladroite avec mes papiers, mais j’ai mieux lu que toutes les fois précédentes. j’étais moi, finalement. enfin.
comme quelqu’un l’a mentionné : the whole thing was raw.
la foule était niiiceeee. je me suis rendue compte qu’on a tous et toutes du vécu qui n’est pas écrit sur le front. mais quand quelqu’un s’ouvre à une foule, peu importe sa taille, tout le monde trouve soudainement le courage de mettre en lumière sa facette cachée. à ma grande surprise, les poèmes que je pensais que personne n’aimerait étaient les plus aimés. comme les parties de moi que j’aime le moins sont aimées par les personnes que j’aime le plus. quelques personnes sont venues me voir après ma performance pour me dire des choses que la petite poète en moi avait vraiment besoin d’entendre. je me suis sentie un peu grande, tout d’un coup. ou du moins, j’ai découvert que l’écrivaine en moi n’était pas morte. j’ai trouvé ça touchant que le monde ait pu voir mon passage sur terre à travers mes poèmes, que j’aie vieilli, mais aussi guéri. je ne reconnais plus vraiment la Maria de mes 18 ans — un peu chaotique par moments — mais il n’y aurait pas eu la Maria de 31 ans sans elle. la vie est toujours aussi chaotique, mais différemment. le succès n’a pas besoin d’avoir l’allure d’un immense panneau publicitaire. lire ses poèmes devant une petite foule et terminer la soirée en regardant les derniers feux d’artifice de l’été, c’est aussi ça, le succès. j’essaie de me le rappeler chaque jour. j’apprends encore à pratiquer la gratitude au quotidien.

aux personnes qui sont venues me parler et partager leurs pensées, merci infiniment. j’oublie pas vos points de vue et leçons apprises. shoutout à un proverbe qui m’a frappée dans une de nos conversations : « tu es maître des mots que tu n’as pas prononcés, esclave de ceux que tu as laissés échapper. »
c’est fou comment une soirée peut te marquer : j’ai encore plein de choses à écrire, mais mon cerveau est un peu frit en ce moment.
j’aimerais finir avec deux choses. premièrement, j’ai retrouvé l’envie d’écrire à nouveau. deuxièmement, mille mercis à Émilie pour avoir organisé ce merveilleux vernissage et d’avoir pensé à moi. ça a été un honneur pour moi d’être parmi des artistes incroyables. finalement, ça a été un réel plaisir de retrouver des copines du secondaire, merci d’être venues nous encourager! et comme le slogan le dit bien : Marcelline un jour, Marcelline toujours! au plaisir de vous revoir bientôt.

ça fait du bien d’écrire après tant de temps et comme une de mes amies me l’a dit hier, il est maintenant temps d’écrire le premier livre de la trentaine…
À +
P.S. un grand merci à ma personne préférée d’avoir été là, pour ton support précieux et pour les belles photos et vidéos.
